texte n°5 - Le Mariage de Figaro (1784) - Acte V scène 7 (extrait)
le Mariage de Figaro est une comédie de Beaumarchais, écrite en 1784, qq années avant la révolution française. Le Comte Almaviva veut séduire Suzanne, la fiancée de Figaro. Les deux femmes vont jouer un tour au au mari volage et la comtesse déguisée en Suzanne, va au rendez-vous donné par Suzanne à son mari. L'acte 5, scène 7 que nous allons expliquer est le quiproquo comique dont le Comte est la victime : il fait la cour à sa femme en pensant que c'est Suzanne et il va lui faire, en outre, des confidences qui éclairent sur sa personnalité.
En quoi le rire est-il du côté de la morale ?
Nous verrons donc que le séducteur cynique (I) qui se couvre de ridicule dans cette scène pour le plus grand plaisir du spectateur (II).
I. Le Comte est un séducteur cynique; il se sent à l'aise avec Suzanne et il n'hésite pas à dire ce qu'il tient caché à sa femme.
En effet, il avoue sans pudeur qu'il recherche « le plaisir », celui des sens dans la relation amoureuse, le mot est répété. Il se présente donc comme un séducteur professionnel et il ne se gêne pas pour le dire; devant une servante il ne sent pas le besoin de caher la vérité. Le sentiment vrai et profond, l'amour pour lui n'existe pas: « l'amour n'est que le roman du coeur : c'est le plaisir qui en est l'histoire » En effet, l'histoire relate la vérité des faits alors que le roman est fiction. Ainsi, pour le Comte, le plaisir est vrai et l'amour « un roman » C'est aussi une façon de se justifier. Il semble assez fier d'avoir trouvé cette formule qui sonne bien. Or, Ce « plaisir » ne peut être pris qu'hors du mariage: « nous poursuivons ailleurs ce plaisir qui nous fuit chez elles » car les femmes sont ennuyeuses par leur amour. Ainsi être vertueuse et aimante pour une femme est un défaut : on peut dire que c'est le monde à l'envers. L'amour total n'est pas supportable : « elles nous aiment, nous aiment, nous aiment » par cette répétition avec la gradation ds le ton, le Comte marque bien sa lassitude des sentiments vrais et profonds. Et la constance de ces sentiments « toujours », « sans relâche » est un motif de plus de son mécontentement. Pour lui, la femme doit se comporter non pas avec vertu mais comme une courtisane : « moins d'uniformité, plus de piquant » , « un je ne sais quoi », quelquefois un refus ». IL parle d'« art de soutenir notre goût », « de se renouveler à l'amour » il s'agit bien d' "un ar"t car le mélange subtil est difficile à obtenir et lui-même a du mal à qualifier : « moins de », « plus de », un je ne sais quoi ». L'amour est donc réduit à un jeu où le rôle de la femme se limite à la séduction. Un rôle de geisha, en somme au seervice du plaisir masculin. Son attitude s'appuie par la loi de « nature »; c'est est une notion importante au XVIII° siècle; elle servait aux philosophes à prouver l'égalité des hommes. Ici le Comte s'en sert contre la morale et pour justifier tous les adultères masculins: « nous », « notre tâche », Il prend un ton philosophique, il généralise sa conduite scandaleuse au reste de l'humanité : tous les verbes sont au présent de vérité générale (citez-les) pour montrer que ce comportement est normal et qu'il a existé de tous les temps.; il n'est bien sûr pas question que les femmes fassent la même chose ! " Elles doivent tout ....Et l'homme rien » : cela choque la Comtesse ainsi que tous ceux qui écoutent la conversation en secret, Figaro et Suzanne (citez) qui se mettent à protester à haute voix ! quant au Comte, cette conclusion le fait rire, comme l'indique la didascalie (citez).
Ainsi on voit que le Comte est un séducteur qui cherche des aventures, un Dom Juan et qu'il n'a aucune honte à exprimer ses vrais sentiments; cela montre aussi l'absence de respect pour la servante qu'il s'apprête à séduire. Mais il ne sait pas qu'il est le jouet de plus fort que lui.
II. Le comte est aussi un personnage ridicule. c'est lui la victime du quiproquo et c'est lui qui fait rire le spectateur.
En effet, il fait la cour à sa femme en croyant que c'est Suzanne. Il se fait avoir par la comédie qu' elle lui joue , comme l'indique la didascalie, « de la voix de Suzanne ».Il est tellement sûr de lui et incapable d'imaginer qu'on le trompe qu'il ne s'aperçoit pas des apartés de la Comtesse qui réagit à ses propos: « oh! la prévention ! », « ah! Quelle leçon ! ». A la fin de la scène , il ne s'aperçoit même pas que la conversation est écoutée par Figaro et Suzanne et donc que son ridicule est public, il croit à un « écho ». De plus, la Comtesse profite de l'incognito pour le confesser; elle lui pose toutes les questions qu'elle ne peut lui poser ds la vie : « Ainsi l'amour ? », « Vous ne l'aimez plus », « Que vouliez-vous en elle ? Et il lui répond avec une parfaite franchise pour une fois.
D'autre part, le plus drôle, c'est que pour complimenter Suzanne, la flatter, la faire accepter ce qu'il veut, il fait des comparaisons avec la Comtesse, ce qui fait vraiment rire le spectateur : sa main qu'il tient en attendant davantage, est parée de toutes les beautés : « la main » est « belle », « le bras » est « ferme » les « jolis doigts pleins de grâce et d'espièglerie » même si l'espièglerie n'a pas grand sens pour un bras ! Cela donne à penser sur la sincérité des compliments qu'il peut faire et sur l'attention qu'il a portée à la Comtesse.
Ainsi on voit que le comique de situation est très réussi dans cette scène. Le spectateur rit beaucoup, et cela sous les yeux de sa femme de sa servante et de son valet. Le spectateur est complice de la Comtesse ; il a beaucoup de plaisir à voir que le séducteur, l'être qui n'a aucune morale et se sert des femmes pour son plaisir, se couvre de ridicule et que pour une fois il est puni et sa femme bien vengée.
Le texte :
Acte V, sc 1
" Mais quelle peau fine et douce "...."I l y a de l'écho ici, parlons plus bas"
de la pièce.