texte n°2 - Le Mariage de Figaro (1784)- Acte III, scène 5
partie de l'intro et partie 2 sur le classeur.
Problématique : quel est le vainqueur de ce duel verbal ?
Annonce du plan : la victoire de Figaro, enfin le retournement de situation.
I. 1° manche : la victoire de Figaro
On voit d'abord qu'il y a prise de paroles partagée des deux adversaires du pt de vue de la longueur des répliques, le temps de parole étant souvent le signe du pouvoir, au théâtre.
A. Stratégie de Figaro pour gagner
Le Comte pose des questions à Figaro qui le mettent en accusation (citation) mais Figaro va s'arranger pour ne pas répondre (citation) mais il va accuser le Comte. (citation) et la plupart du temps, il oppose une question à la question du Comte (citation). A chaque fois, le Comte va être vaincu et va être obligé de changer de sujet de conversation. (citation). Celui qui pose la question étant celui qui dirige l'échange et auquel auquel l'autre doit se soumettre. On voit donc que Figaro ne se laisse pas faire.
B. Les quatre échanges
a) Le comte attaque Figaro en lui demandant d'expliquer la réaction de la comtesse,(citer) lorsqu'il est entré ds sa chambre et qu'elle a commencé à se justifier de la présence de Chérubin, parce qu'elle n'avait pas vu que celui-ci avait reussi à s'échapper et que Suzanne avait pris sa place).
Figaro
évidemment n'a aucune envie de répondre la
vérité (évidemment), à
savoir que c'es le page qui a sauté par la
fenêtre, ni de reprendre son mensonge assez faible et donc
renvoie au comte sa
question :
« Ma foi, M, vous le savez mieux que
moi »
Donc il refuse de répondre, il esquive.
Comme le comte se justifie, ds sa 2° réplique, proteste de son attitude exemplaire envers sa femme : « je la préviens », « je la comble » et essaye de se faire passer pour un mari modèle, Figaro ose lui dire la vérité en face: « vous êtes infidèle » et ensuite va jusqu'à se permettre de lui faire une leçon de morale. « Sait-on gré du superflu à qui vous prive du nécessaire ? » première lecon de morale Figaro par le « on » semble ne pas parler du Comte mais de l'homme en général. C'est une interrogation oratoire qui n'a besoin d'aucune réponse, tant celle-ci est évidente et qui laisse Figaro vainqueur encore une fois.
b) Le Comte continue donc sur un autre reproche : le reproche de manque de sincérité: « autrefois tu me disais tout ». Figaro répond du tac au tac (courte stichomythie) en reprenant la phrase du comte mais d'une autre manière, avec d'autres mots « tu me disais tout » ≠ « je ne vous cache rien » : tu≠je, imparfait ≠présent, « disait tout= cachais rien » et montre la continuité entre le passé « autrefois »et le présent (« aujourd'hui »). c'est une manière de refuser ce reproche, de ne pas l'accepter.
Le comte abandonne, Figaro sort gagnant de ce deuxième échange.
c) Le comte vaincu va encore changer de sujet : reproche très grave de trahison, d'avoir été payé pour trahir son maître : « combien la Comtesse t' a- t-elle donné pour cette belle association ? » le mot « association » renvoie ici à une bande de voleurs.
Figaro encore une fois ne va pas répondre mais renvoie sa question ds les mêmes termes (citer) a , question oratoire puisque la réponse est évidente: le comte sait bien que par le passé il n'a pas rétribué Figaro pour l'aider à enlever Rosine des griffes de Bartholo.
Puis F se permet, une 2° fois, de faire à son maître une leçon de morale : « Tenez, M, n'humilions pas l'homme qui nous sert bien de peur d'en faire un mauvais valet » : nous retrouvons la généralisation « l'homme » « un mauvais valet », la 1° personne du pluriel « n'humilions point » à l'impératif qui désigne le Comte mais aussi Figaro et les hommes en général. Cette formule a l'avantage d'être à la fois une leçon de morale mais aussi de protéger un peu l'audace de Figaro qui ne personnalise pas trop le conflit en accusant trop directement le Comte.
Le Comte vaincu change une nouvelle fois de sujet.
d) le quatrième échange comprend lui aussi deux répliques de chacun des adversaires: un reproche de malhonnêteté : « louche », « toujours », accusation répétée par » « réputation détestable »
Figaro va rejeter l'accusation sous une forme, encore une fois générale, ce qui lui évite de se confronter directement au Comte et a l'avantage de faire de lui un moraliste : « c'est qu'on en voit partout quand on cherche des torts. » le pronom indéfini « on » accuse le comte mais généralise à l'humanité entière.
Sur l'accusation de « mauvaise réputation », Figaro trouve une parade et en renvoyant la question : « Et si je vaux mieux qu'elle ?» , il oppose ainsi l'apparence et la réalité et gagne car, bien sûr, il est préférable de juger les gens sur la réalité que sur « la réputation » qui n'est souvent que mensonge .
Enfin, F continue son avantage en attaquant « les grands seigneurs » en général , toujours ds le même but : éviter une confrontation trop directe, trop personnelle et se permettre de faire la morale en employant des généralisations.
Le comte se tait car la question oratoire comprend en elle-même sa réponse. On peut imaginer la salle d'avant la Révolution française applaudir à tout rompre à cette mise en cause de l'aristocratie et à l'audace de Figaro, son porte-parole. Figaro est vainqueur de ce quatrième échange.
III 2° manche : Retournement de situation
Par la suite, Figaro, trop sûr de lui changera de tactique et essaiera de convaincre le Comte qu'il veut rester en Andalousie avec sa femme en prétextant le refus de l'ambition, de la politique, le refus de se battre ds une société où tout s'acquiert par la lutte, c'est à dire exactement le contraire de ce qu'il avait essayé de prouver au Comte au début de la scène (c'est en résumé la grande tirade sur la condamnation de l'ambition).
Certainement est-il allé trop loin car l'aparté qui clôt cette partie de la scène montre que le Comte a compris que Figaro était au courant : « il veut rester. J'entends ...,Suzanne a trahi. »
Figaro, lui ds un aparté parallèle, crie victoire (citation) en croyant avoir réussi à déboussoler le Comte : il a voulu aller trop loin et risque de le payer cher puisque le Comte a juré lui faire épouser Marceline ds l'hypothèse où Suzon refuserait d'être sa maîtresse et aurait confié à Figaro ses projets d'éloigner Figaro.
Conclusion
On voit donc que la scène est très drôle et très vive et que le valet compense largement l'infériorité de son statut social par son intelligence, sa stratégie de ne pas répondre, et de renvoyer les questions, par sens de la répartie qui enchante le spectateur. A chaque fois, le Comte est obligé de reculer et d'essayer d'attaquer sur un autre terrain. Mais évidemment, le duel va se retourner en faveur du Comte car Figaro a voulu vraiment pousser trop loin son avantage et la scène se termine donc par un rebondissement dramatique : le Comte s'apprête à utiliser la force que lui confère la loi pour faire plier Figaro.7B
Le texte :
Acte III, sc 5
" Quel motif avait la comtesse ".... "Je le paie en sa monnaie "
de la pièce.